Texte de la proposition initiale
Ceci est le texte de la proposition initiale faite au début du mois de septembre 2020. Une nouvelle version de cette stratégie a été faite, sur la base des réactions reçues de tous les rebelles.
Résumé : une nouvelle stratégie pour Extinction Rebellion Belgique
XR se trouve à un tournant de son développement. Il n’y a pas de momentum fort pour mener des actions d’escalation de grande ampleur qui nous permettrait de réaliser nos 3 demandes. Cet état de fait est largement dû à la pandémie du COVID-19, mais c'est également une conséquence de l'évolution et de la maturation de notre mouvement. Dans ce contexte, plutôt que nous concentrer sur l’organisation de grandes actions nationales, nous donnerons la priorité au renforcement de la base de notre mouvement, afin d’être prêt·es lorsque le prochain momentum s’annonce.
Dans les 6 mois à venir, nous travaillerons au renforcement d’Extinction Rebellion en Belgique. Nous améliorerons nos capacités, notre organisation, notre communication et nous renforcerons la résilience de notre mouvement. Nous nous efforcerons également de rendre Extinction Rebellion plus adaptée au contexte spécifique de la Belgique.
D'une part, les cercles nationaux se concentreront sur la vie interne d’Extinction Rebellion en organisant des formations, en améliorant la structure organisationnelle et en développant d'avantage d'activités qui ne sont pas directement liées aux actions de désobéissance civile.
D'autre part, bien qu’aucune grande action nationale ne sera organisée pendant cette période, nous encouragerons des actions plus nombreuses et de plus grande ampleur par les groupes locaux, visant des thématiques et luttes directement liées aux territoires locaux.
Enfin, nous saisirons la crise politique en Belgique comme une opportunité pour mettre en avant notre troisième demande et donner une forte impulsion à la mise en place d’Assemblées citoyennes juridiquement contraignantes sur la crise écologique et sociale .
1/ Comment Extinction Rebellion s'adapte-t-elle à un contexte changeant ?
Les importants impacts climatiques de l'été 2018 ont déclenché une vague d'activisme, menée en particulier par les jeunes de l'organisation Fridays for Future. Extinction Rebellion a vu le jour à la même période. Profitant de cette vague d'intérêt populaire et médiatique pour le climat, nous avons réussi à nous développer rapidement pour devenir le mouvement fort, diversifié et mondial que nous sommes aujourd'hui.
En Belgique, nous avons développé une stratégie d'escalation, avec l'ambition de mobiliser pour chaque action nationale de désobéissance civile de plus en plus de citoyens dans les rues de Bruxelles. Nous avons partiellement réussi : des centaines de personnes ont pris part à des actions de désobéissance civile qui ont attiré l'attention des médias et du pouvoir.
Mais après deux années de croissance, nous sommes maintenant arrivé·es au point où notre mouvement entre dans une nouvelle phase. Comme toutes les tendances populaires, l'élan de l'activisme écologique s'est affaibli et l'attention s'est tournée vers de nouveaux événements extérieurs, principalement la crise COVID, Black Lives Matter et l'échec de la Belgique à réunir un gouvernement opérationnel pour répondre à ces crises.
En outre, les mesures prises pour répondre à la crise COVID ont mis fin à tous les rassemblements de masse, obligeant de nombreux mouvements à convertir toutes leurs mobilisations, réunions et formations au format électronique et à distance. Cela a eu un impact significatif sur notre capacité à construire une communauté et à organiser des actions et des manifestations.
Ce contexte oblige Extinction Rebellion Belgium à se remettre honnêtement en question. Le premier battage publicitaire est terminé, mais la crise écologique demeure. Comment consolider ce que nous avons construit sans devenir bureaucratique ? Comment contribuer au mieux au changement systémique dans le contexte actuel? Quels sont les défis, les ressources et les opportunités dont nous disposons pour réaliser ce changement?
2 / Où en sommes-nous maintenant en tant que XR Belgium
Nous avons construit un mouvement solide. Quelques centaines de personnes sont actives dans tout le pays et forment une communauté forte. Quelques milliers de personnes soutiennent le mouvement XR et nous suivent via la newsletter et les médias sociaux. Près de 20 groupes locaux mènent des activités, des actions et des campagnes au niveau local.
Notre nom est devenu une marque forte. Les personnes au pouvoir savent que nous existons, d'autres organisations et mouvements nous considèrent comme un acteur important. Nous sommes devenus des interlocuteurs pour les politiciens, mais nous sommes également davantage attaqué·es (par exemple par le lobby automobile) et plus étroitement surveillé·es par la police.
Nous disposons d'une structure organisationnelle bien conçue au niveau national, qui permet l'autonomie des groupes locaux et qui n'est pas trop bureaucratique.
Nous avons acquis une grande expérience de la désobéissance civile et nous savons comment utiliser efficacement l'espace public et attirer l'attention sur notre message.
Nous avons développé une proposition bien pensée pour les assemblées citoyennes comme alternative à la démocratie défaillante de la Belgique.
Nous avons lancé un processus interne de décolonisation d’XR et nous travaillons à développer une culture d'autocritique de nos privilèges.
3/ Qu'est-ce qui manque à notre mouvement ?
Nous ne sommes pas devenu·es un mouvement de masse mais un groupe relativement restreint de personnes plutôt intellectuelles et blanches avec une pensée radicalisée en termes de méthodes et de récit. L'accès au mouvement n'est pas facile pour les nouveaux·elles venu·es.
Nous n'avons pas de diversité raciale, culturelle ou de classe dans le mouvement, et nous n'avons pas réussi à établir une conscience approfondie des comportements oppressifs au sein du mouvement.
Nous n'avons pas de stratégie à long terme pour la Belgique qui soit axée sur le contexte spécifique de ce pays et sur le fait que Bruxelles est la capitale de l'Europe.
Nous manquons de continuité et d'engagement dans l'organisation au niveau national, ce qui fait que les groupes locaux sont mal interconnectés et que de nouveaux·les rebelles luttent pour trouver leur place au sein du mouvement (onboarding).
Nous ne sommes pas bien connecté·es à la dimension internationale de la crise écologique et à XR International.
La culture régénératrice n'est pas bien mise en œuvre dans les pratiques de l'organisation, en termes d'habitudes de facilitation participative, d'espace émotionnel et de liens communautaires.
Nous ne sommes pas une source d'information fiable et cohérente sur la crise écologique. Nous ne parvenons pas à maintenir une présence constante lors des événements politiques, écologiques et sociétaux-clés, ainsi qu'entre ces moments.
4/ Ce dont nous avons besoin maintenant
Une reconnaissance et une compréhension collectives du fait que la première vague d'impulsion (momentum) et de croissance exponentielle d’XR est terminée et que nous entrons dans une phase de croissance régulière où nous devons nous concentrer davantage sur le renforcement de ce que nous avons construit.
Actualiser notre narratif, dépasser l'idée de se concentrer sur l'urgence climatique (1ère demande) et observer les crises à venir dans une perspective socio-écologique plus large, voir ce document (encore en cours de finalisation) proposant un nouveau récit écologique pour aller au delà des émissions de CO2.
Développer de meilleures pratiques pour communiquer notre narratif à un plus large éventail de personnes, en mettant à jour nos supports de communication (comme le XR Talk) et en utilisant plus systématiquement les médias sociaux comme outil éducatif.
Profiter de la crise actuelle du système politique belge défaillant – et de la vague d'intérêt du public pour la démocratie directe – pour faire valoir notre troisième demande d'une assemblée citoyenne en tant que structure politique transformatrice.
Construire une communauté résiliente avec une culture régénératrice qui va au-delà des façons de faire de l'activisme durable et permet des échanges et la pratique d'une culture résiliente qui préfigure de l'avenir que nous appelons de nos voeux.
Renforcer la capacité des groupes locaux et de la structure nationale, afin d'être prêts pour la prochaine vague de momentum d'urgence écologique – c'est-à-dire un moments d'intérêt et de préoccupation accru du public et des médias combiné à l'agitation sociale – lorsqu'elle arrivera.
Actions locales ciblées, menées par les groupes locaux d’XR pour continuer à attirer l'attention sur l'urgence écologique et à renforcer et entraîner les capacités des militant·es, tout en protégeant les territoires et en empêchant de nouvelles destructions écologiques et sociales.
Établir des liens solides avec d'autres mouvements et organisations afin d'inspirer et d'être inspiré·es par les autres, de faire preuve d'une solidarité significative, d'unir nos forces quand c’est nécessaire, et d'être bien conscient·es des nouvelles vagues de momentum qui se dessinent.
5/ Qu'allons-nous faire ?
Au cours des six mois à un an à venir, la structure nationale de XR Belgium se concentrera sur les trois principaux objectifs suivants :
1) INTERNE - Construire une communauté activiste résiliente
Donner aux groupes locaux les moyens de devenir plus autonomes et plus ambitieux dans leurs campagnes et actions locales, et leur apporter un soutien pour les actions locales. Par exemple :
un·e rebelle expérimenté·e du cercle d'action national rejoint temporairement un groupe local pour aider à organiser une action ou à développer une stratégie de campagne;
le cercle national mobilise toute la Belgique pour une action organisée localement;
les messages d'une action locale sont amplifiés via les canaux de communication de XR Belgium.
Radicaliser la conscience écologique et politique des rebelles et établir un lien plus fort avec la désobéissance civile et une meilleure compréhension de celle-ci afin de favoriser un engagement plus profond. Par exemple :
développer un nouveau talk XR en phase avec la nouvelle proposition de récit post-carbone et spécifiquement adapté aux réalités belges et locales
organiser des webinaires ou des groupes de discussion sur des sujets spécifiques afin de s'appuyer sur le narratif post-carbone.
Renforcer et soutenir les groupes locaux et les cercles nationaux pour mettre en œuvre une forte culture de groupe régénérative. Par exemple :
renforcer la dynamique de groupe dans les groupes locaux et la structure nationale en organisant des formations sur le système SOS (système auto-organisé), la sociocratie et la prise de décision;
le cercle national Regen organise des échanges entre les groupes locaux.
Explorer et pratiquer collectivement des modes de vie résilients en préfiguration de la société que XR appelle de ses voeux. Par exemple :
une visite mensuelle à un projet de permaculture d'un·e rebelle;
explorer les possibilités d'un espace physique en copropriété pour y organiser des retraites et un travail de résilience.
explorer des moyens de pratiquer des formes concrèetes de solidarité au sein du mouvement (p.e. un fond mutuel pour aider des rebelles à libérer du temps de leur travail afin de pouvoir s'investir plus dans le mouvement)
Établir, développer, renforcer des liens durables avec d'autres mouvements, organisations et communautés en Belgique. Par exemple :
se joindre aux actions d'autres mouvements pour manifester notre solidarité avec leur cause;
participer à des moments d'action communs organisés par des coalitions;
fournir un soutien pratique, financier et une expertise pour aider à renforcer d'autres mouvements.
garantir un contact et une présence continue avec les organisations et mouvements les plus pertinents en Belgique.
Développer les activités et la présence de XR en dehors des actions
Mettre en place une équipe à même de fournir un flux cohérent et continu d'informations sur la crise écologique et sociale sur les réseaux sociaux.
organiser des débats sur des thèmes écologiques et sociaux clés, ouverts tant aux rebelles qu'au public plus large
organiser des actions de solidarité de voisinage
2) EXTERNE - Organisation d’actions localement pertinentes
S’engager dans des luttes pertinentes localement afin de prévenir d’autres destructions d’écosystèmes par le système actuel et attirer l’attention du grand public sur les crises écologiques
Les groupes locaux décident de manière autonome quelles campagnes de terrain ils veulent développer. Par exemple : Ineos à Anvers, Groene Delle au Limbourg, La Sablière - ZAD à Arlon, Watching Alibaba à Liège.
Le cercle national fournit du soutien là où c’est utile.
Le cercle national coordonne les groupes locaux afin qu’ils rejoignent leurs actions réciproques.
Le cercle national inscrit et met en lumière les luttes des groupes locaux dans le contexte du récit d'ensemble.
Les coordinateurs des groupes locaux et les reblles améliorent leurs capacités à organiser des actions de grande envergure
3) EXTERNE - Une impulsion nationale pour les assemblées citoyennes
Faire campagne pour la mise en place d'assemblées citoyennes (3ème demande) aux niveaux local et national.
Acquérir collectivement de l'expérience dans les assemblées populaires et citoyennes en formant davantage de facilitateur·rices pour ces assemblées et en soutenant les groupes locaux pour l'organisation d'assemblées populaires locales.
S'engager et faire pression sur les politicien·ne·s, tant au niveau national que local, afin de mettre en place des assemblées citoyennes -> voir le plan de campagne du cercle “Assemblée citoyenne”.
Utiliser les assemblées populaires comme méthode d'action, en les organisant dans des lieux symboliques sans autorisation, par exemple: les sièges des partis politiques ou les parlements locaux.
Last updated